La méthanisation a-t-elle un impact sur la biodiversité ?
L’impact de la méthanisation sur la biodiversité a pour le moment été peu étudié. Certaines études allemandes ont étudié l’impact de l’épandage des digestats sur la population des vers de terre. Mais les études ne sont pas toujours représentatives de l’impact réel sur les sols agricoles. Des essais conduits en France par l’INRA ont cependant montré une mortalité accrue pour une faible partie de la population des vers anéciques après épandage de digestat ; mortalité toutefois compensée à moyen terme par une augmentation de la population due aux apports de matière organique du digestat. Ce digestat est riche en carbone stable, qui se dégrade plus lentement. Ses impacts, en particulier sur les populations de micro-organismes du sol reste à étudier. Le respect de bonnes pratiques associées à la gestion des digestats est indispensable pour éviter les comportements non vertueux parfois observés, lesquels peuvent avoir ponctuellement des impacts sur la biodiversité.
Une unité de méthanisation émet-elle des odeurs ?
Le procédé de méthanisation produit des odeurs. Les sources d’odeurs proviennent des déchets organiques stockés sur le site, plus rarement des émissions de substances odorantes par le rejet de gaz par les dispositifs de sécurité (souvent des soupapes de sécurité) qui empêchent d’avoir une dépression ou une surpression trop importante et enfin des unités de déshydratation de digestat brut. Afin de limiter les odeurs, les intrants peuvent être stockés dans des enceintes hermétiquement fermées. De plus, la méthanisation réduit les odeurs des déchets organiques en produisant du digestat, bien moins odorant que les effluents d’élevages épandus sans traitement préalable.
La méthanisation entre elle en compétition avec l’alimentation humaine ?
En France, l’usage de cultures alimentaires et de cultures destinées essentiellement à de la production d’énergie pour la méthanisation est limité afin de ne pas favoriser la concurrence entre la production d’énergie et l’alimentation. Selon le décret n° 2016-929 du 7 juillet 2016, au maximum 15 % des tonnages entrants pour la méthanisation peuvent venir de telles cultures. Cela sécurise également l’apport d’intrants d’origines différentes (déchets verts, tontes, déchets d’industries agroalimentaires). Par ailleurs, les cultures intermédiaires à vocation énergétique (CIVE) sont des cultures intercalaires implantées et récoltées entre deux cultures principales dans une rotation culturale. Les CIVE peuvent être récoltées pour être utilisées en tant qu’intrant dans une unité de méthanisation. Les CIVE n’ont pas pour but la production alimentaire. D’après le Collectif Scientifique National Méthanisation (CSNM, 2018), la surface totale des CIVE représenterait une superficie de 18 800 km², soit 0,06 % de la surface agricole totale de la France.
La méthanisation a-t-elle un impact sur la valeur immobilière ?
Le marché de l’offre et de la demande structure la valeur des biens immobiliers sur la base de critères variés. Lors de l’installation d’un projet de méthanisation, celui-ci n’affectera pas la valeur immobilière s’il n’engendre pas de nuisances. Sachant que les nuisances des installations de méthanisation sont minimes voire inexistantes, la méthanisation ne réduit pas la valeur des biens immobiliers. Mais il est tout de même possible que la méthanisation engendre des craintes. Il est donc important de discuter avec les propriétaires et potentiels acheteurs afin de les rassurer sur les impacts de la méthanisation sur le marché immobilier.
La méthanisation a-t-elle un impact sur le paysage ?
Une installation de méthanisation est optimisée afin de limiter son impact sur le paysage. Pour cela, il existe plusieurs solutions comme le choix d’une couleur s’harmonisant avec le paysage naturel, la mise en place de haies autour du site, l’enfouissement partiel des digesteurs et des cuves de stockage. Les porteurs de projet de méthanisation ont souvent recours à des architectes paysagistes. La méthanisation a ainsi un impact négligeable sur le paysage car les installations sont généralement basses et cachées.
La méthanisation implique-t-elle des risques de pollutions de l’eau, de l’air, des sols ?
Le digestat étant riche en azote, son épandage peut induire un apport excessif en azote non assimilé par les plantes et pouvant se diluer dans le sol. Pour éviter cela, le plan d’épandage doit être validé par l’administration et il faut contrôler en continue les dates et les volumes d’épandage. De l’azote peut s’évaporer lors de l’épandage du digestat et ainsi conduire à l’émission de protoxyde d’azote N2O, un gaz à effet de serre 210 fois plus puissant que le CO2. C’est pourquoi le digestat est stocké pour éviter cette réaction. Les digestats présentent parfois des quantités variables d’éléments traces métalliques (ETM). Les digestats provenant d’effluents agricoles en contiennent en quantité négligeable. Les digestats provenant de la méthanisation de boues de station d’épuration présentent des teneurs plus élevées en ETM, notamment en cuivre et zinc. Dans le cas précis des installations avec tri mécanico-biologique (TMB), les digestats provenant de la méthanisation d’ordures ménagères peuvent contenir des ETM et des déchets inertes (verre, plastique). Pour ces raisons, il est donc primordial de contrôler leur qualité. Les digestats ne respectant pas les critères d’épandage sont incinérés ou placés en Installations de Stockage de Déchets Non Dangereux (ISDND). De plus, en fonction des intrants utilisés, le digestat nécessite un plan d’hygiénisation ou non afin d’éliminer 99 % des microorganismes pathogènes potentiellement présents.
Par ailleurs, il est interdit de rejeter du biogaz dans l’atmosphère selon l’arrêté du 10 novembre 2009. L’installation de méthanisation est équipée de dispositifs de contrôle de la production de biogaz en continue. Dans le cas où la production de biogaz deviendrait trop importante à gérer pour des raisons techniques (moteur de cogénération en panne, etc.) ou contractuelles, le biogaz est éliminé par destruction thermique à l’aide d’une torchère.
Une unité de méthanisation fait-elle du bruit ?
La méthanisation est une technologie silencieuse. Mais les activités associées peuvent tout de même être source de bruit comme les camions transportant les matières entrantes et sortantes, les moteurs de cogénération et la ventilation. C’est pourquoi les sites de méthanisation ne sont pas implantés à proximité immédiate des habitations pour éviter les nuisances. Mais la mise en place de local pour les moteurs de cogénération ou avec des parois à effet de réduction de bruit permet de réduire les nuisances.
La méthanisation présente-t-elle des risques d’intoxication au H2S ?
Le biogaz contient entre 0 et 0,5 % de sulfure d’hydrogène (H2S). Il s’agit d’un gaz toxique, mortel par inhalation, inflammable et incolore, à l’odeur significative d’œuf pourri. Des émissions de H2S sont possibles en cas d’accident de mélange non contrôlé au niveau des fosses de stockage des intrants, du local technique et des canalisations. De plus, de l’H2S est également présent dans le pot à condensat et dans le dégazage en cas de surpression (soupape de sécurité, fuite de raccords de canalisation de biogaz brut). Par ailleurs, en se combinant avec de l’eau il génère de l’acide sulfhydrique hautement corrosif pouvant endommager les moteurs. C’est pourquoi il est important d’épurer le biogaz (filtre à charbon actif, tour de désulfurisation par lavage, etc.) avant son utilisation afin de réduire entre 90 et 99 % le taux de H2S.
Une unité de méthanisation présente-t-elle un risque d’explosion ?
Dans les installations de méthanisation, le risque d’explosion est quasiment nul puisque les conditions physico-chimiques nécessaires à l’explosion ne sont pas réunies en fonctionnement normal. En effet, pour provoquer une explosion, il faudrait la présence d’oxygène et de méthane dans une atmosphère fermée proche d’une flamme ou d’une étincelle. Or, la méthanisation a uniquement lieu dans une enceinte fermée remplie de biogaz en absence quasi-totale d’oxygène et d’une source d’inflammation. Toutefois, il peut rester un faible pourcentage en O2 dans le digesteur pour certaines installations dans lesquelles il y a diffusion d’un filet d’air dans le ciel gazeux du digesteur pour convertir l’H2S en soufre. Mais pour éviter tout risque d’atmosphère explosive, le débit d’injection d’air est régulé de telle sorte qu’il ne dépasse pas un maximum de 5 % d’O2 dans le ciel du digesteur.
Vous avez une question ?
Ce guide apporte des réponses à 10 questions sur ce sujet :
- En quoi la méthanisation est essentielle en France ?
- La méthanisation, comment ça marche ?
- À quoi servent le biogaz et le digestat ?
- Peut-on parler d'une installation à risques ?
- Une unité de méthanisation émet-elle des odeurs ?
- Fait-elle du bruit ?
- Quel trafic est généré par la logistique ?
- Quel est son impact sur le paysage ?
- Quelles démarches pour installer une unité de méthanisation ?
- En tant que citoyen, comment y participer ?
Fiches conseils pour l’implantation et l’intégration paysagère des méthaniseurs en milieu rural.
Cet ouvrage a pour objectif de répondre aux questions que se posent ceux qui s'intéressent au biogaz.
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